David Biron est décédé le dimanche 24 avril 2022 à l’âge de 53 ans,
après une courte maladie qui l’a emporté en 24 jours. Ses obsèques ont eu lieu le 05 mai en l’église de Saint Genès‐Champanelle près de Clermont‐Ferrand. David était Chargé de Recherche Hors Classe au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), affecté au LMGE (Laboratoire Microorganismes : Génome et Environnement, Unité Mixte de Recherche (UMR), labellisée n° 6023, entre le CNRS et l’Université Clermont‐Auvergne (UCA), où il assurait la responsabilité de l’équipe de recherche BioADAPT (biodiversité microbienne et adaptations fonctionnelles) depuis janvier 2017.
David est né le 14 novembre 1968 à Drummondville au Québec (Canada) où il a effectué l’essentiel de ses études supérieures. Il a obtenu un Baccalauréat en biologie en 1992 et une Maîtrise (Master) en sciences de l’environnement en 1994 à l’Université du Québec à Trois‐Rivières. Son mémoire de Maîtrise portait déjà sur une thématique novatrice et pluridisciplinaire, à cheval entre biologie et chimie : « Potentiel des micro-ondes comme moyen de contrôle de la mouche du chou, Delia radicum ». Il obtient ensuite son Doctorat en décembre 1998 à l’Université du Québec à Montréal, sur la génétique des populations de la mouche du chou. Pendant son Doctorat, il fait un stage pré‐doctoral d’un an (1997‐1998) en France, à l’Université de Rennes 1. Ce stage lui a sans doute donné l’amour de la France puisqu’immédiatement après sa thèse, il a obtenu un financement du Ministère des Affaires Etrangères pour un séjour postdoctoral d’une année (1998‐1999) à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA, aujourd’hui INRAE, E pour Environnement), UMR Bio3P, Laboratoire de Zoologie, Le Rheu. Il retourne ensuite au Canada pour un bref séjour en 2001, comme chercheur postdoctoral à l’Institut de Recherche et de Développement en Agroenvironnement, avant de revenir en France pour un troisième séjour scientifique en 2001, comme chercheur associé au CNRS en protéomique dans une UMR entre le CNRS et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Montpellier. Il y restera jusqu’en 2006, puis il rejoint Clermont‐Ferrand comme chercheur postdoctoral au Laboratoire de Physique et Physiologie Intégratives de l’Arbre en environnement Fluctuant (UMR UCA/INRA) avec un financement INRA, couvrant la période allant de 2007 à 2009.
Après un séjour dans son pays natal comme chercheur autonome en protéomique, David est recruté sur concours en 2011, comme Chargé
de Recherche CNRS (CR1 à l’époque) sur proposition de la Section 30 (Surface Continentale et Interfaces) du Comité National de la Recherche Scientifique, pour occuper un poste colorié sur la thématique « interactions hôte/parasite et dynamique de la biodiversité ». C’est suite à ce recrutement
qu’il a choisi d’intégrer notre laboratoire comme laboratoire d’affectation principale, ce qui a été entériné par le CNRS à compter du 1er octobre 2011. Depuis cette date, nous n’avons cessé de bénéficier du dynamisme scientifique de David, qui a contribué, de façon significative, au rayonnement du LMGE.
David était un passionné de la recherche scientifique qu’il pratiquait avec une grande ouverture d’esprit. Ses recherches s’inscrivaient dans un champ de connaissances novateur : la prise en compte du parasitisme dans la dynamique de la biodiversité. Il est l’auteur de plus de 70 publications dans des revues internationales à comité de lecture et de 12 ouvrages ou chapitres d’ouvrages scientifiques. Détenteur de nombreux prix (Prix d’excellence du Centre de Recherche de Développement en
Horticulture, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Prix Melville Duporte de la Société Entomologique du Québec, bourse Marie Curie…), il excellait également dans l’enseignement, l’animation, l’édition et la vulgarisation scientifiques et la formation de jeunes chercheurs qu’il accompagnait avec patience et un sens élevé de la pédagogie,… La démarche scientifique de David était, par ailleurs, soutenue par une réflexion épistémologique. C’était toujours un réel plaisir de discuter Sciences avec lui car sa curiosité envers les questions et enjeux environnementaux semblait intarissable et était sans cesse renouvelée. Je me souviens que lors de nos nombreuses discussions scientifiques, David incarnait par son regard et sa gestuelle le besoin universel de l’assouvissement de la curiosité des phénomènes de la nature, base impondérable de la démarche originelle de la science fondamentale. Comme l’a témoigné notre collègue Gilles Montavon, David c’est quelqu’un qui pouvait vous appeler un dimanche matin ou à minuit pour discuter sciences sans que vous éprouviez la moindre envie d’interrompre la discussion.
Son expertise en biologie évolutive et dans le domaine de l’environnement l’a amené à faire évoluer son équipe et notre laboratoire de recherche, qu’il représentait avec un engagement sans limite, sur les scènes régionale, nationale et internationale. Les nombreux témoignages reçus des pairs de David sont unanimes sur le fait qu’il était un collègue compétent, engagé, dynamique, enthousiaste et communicatif, très impliqué dans des activités collectives d’accompagnement du métier de la recherche scientifique. A titre d’exemple, David était, depuis mars 2019, le Directeur de la Zone-Atelier « Territoires Uranifères » qui regroupe une vingtaine de laboratoires nationaux affiliés à diverses universités et organismes de recherche. Cet instrument stratégique d’intégration disciplinaire dans le domaine de l’environnement, initialement labellisé par l’Institut Ecologie et Environnement (INEE) du CNRS en 2015, a pour objectif de développer une démarche pluridisciplinaire. Il confronte les points de vue de biologistes, chimistes, géographes, écologues, géologues, médecins, physiciens, historiens et sociologues sur les questions que pose la vie dans des environnements caractérisés par une irradiation chronique d’origine naturelle ou amplifiée par des activités anthropiques.
David était également membre très actif de nombreuses instances scientifiques : Réseaux des Zones Ateliers, Programme Ecosphère Continentale, Conseil Scientifique de l’INEE du CNRS, membre de la commission interdisciplinaire n°52 du CNRS « environnements sociétés : du savoir à l’action ». Comme l’a souligné Dominique Joly, Directrice Adjointe Scientifique du CNRS‐INEE en charge des Grands Equipements et
Infrastructures et représentante du CNRS lors des obsèques : « David s’est toujours positionné comme un ambassadeur de la communauté scientifique qu’il représentait, et pour laquelle il oeuvrait avec détermination et expertise ». C’est donc dire que le départ de David laisse indubitablement un vide immense non seulement dans notre équipe et notre laboratoire de recherche, mais aussi au sein des nombreuses instances et commissions scientifiques dont il faisait partie ou assurait la direction. Nous
sommes unanimes dans l’équipe sur le fait que « nous avons perdu un bon collègue et un bon Chef d’Equipe qui avait à coeur que nous nous épanouissions dans notre travail : citation de Anne‐Catherine
Lehours».
Personnellement, j’ai perdu un ami qui m’était très cher, né un 14 et parti un 24, après une courte maladie qui l’a emporté en 24 jours ! Même si je sais qu’il nous a quitté bien accompagné et en toute sérénité, cela ne m’empêche pas de m’associer pleinement au propos de notre collègue Luc Abbadie lorsqu’il affirme : « Je sais que le concept de justice appliqué à ce genre d’évènement n’a pas de sens, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a quelque chose de profondément injuste dans ta disparition inattendue ».
Que son âme repose en paix.
Télesphore Sime‐Ngando
Pour l’équipe BioADAPT et le LMGE
DR CNRS, Ancien Directeur du LMGE