Croiser les savoirs et pratiques scientifiques et artistiques est une manière de faire dialoguer les entités humaines et non-humaines, qu’elles soient naturelles ou artificielles, matérielles ou immatérielles, offrant à certain.es chercheur.es de la ZATU, un nouveau terrain de travail. Le terme de « recherche-création » englobe l’ensemble des pratiques qui, à l’interface entre arts, sciences et sociétés « bouleversent les modes d’acquisition des connaissances »et permettent de toucher la part sensible de notre rapport à des milieux singuliers comme ceux marqués par la radioactivité naturelle ou naturelle renforcée par l’homme. Notre intuition est que la recherche-création peut  être un outil de dialogue transdisciplinaire propice à faire émerger des imaginaires et construire des récits partagés en « rendant sensible » des connaissances scientifiques « froides », et en aidant à transformer le « concernement » des citoyens en véritables traces mémorielles. Sa capacité à produire du sens et de l’action dépend toutefois de l’équilibre à trouver entre connaissance scientifique, savoirs empiriques et pratiques artistiques (Martinaud, 2025)
Depuis 2023 plusieurs expériences ont permis de tester ces interfaces arts-sciences-sociétés ouvrant des espaces d’échanges avec des habitant.es, des étudiant.es pour mieux comprendre le rapport social et les imaginaires de la radioactivité et des socio-écosystèmes qu’elle influence.  Sur le site-atelier de Rophin ainsi qu’autour des sources minérales de Sainte-Marguerite (Saint Maurice-ès-Allier) et des Saladis (Martres-De Veyre), des collaborations ont débuté avec des artistes-chercheuses comme Céline Domengie, Nicolas Fouassier et Charlotte Mariel, donnant lieu à des entretiens avec des habitant.es, des créations artistiques, des publications et des ateliers de travail. Deux édiitions du projet Chôra piloté par C. Domengie ont été menés en 2024 et 2025. Un projet appelé « Zone humide, zone sensible » mené sur le site atelier de Rophin et piloté par Charlotte Mariel a débuté en juin 2025. Dans ce contexte post-minier, l’enjeu est de tisser une mémoire qui articule les vécus et les récits sur l’uranium et la radioactivité des milieux entre sciences et société, car tous participent de la trajectoire territoriale et de la réappropriation sociale de l’héritage ambigu et pluriel laissé par les mines d’uranium(Martinaud, Becerra, Mallet, Chardon, 2026, à paraître).  D’autres travaux scientifiques s’appuyant sur des savoirs autochtones et pratiques populaires (comme les sourciers) s’intéressant à cette dimension sensible de l’expérience des milieux, s’y sont rattachés.

En savoir plus:

Huet S., Mallet C., 2023. Le milieu et ses mesures.L’ancienne mine d’extraction d’uranium de Rophin, perception d’un territoire uranifère, Ed. ZATU: Clermont Ferrand.

Becerra S., Mallet C., Domengie C., 2025. Chôra, Ed. du Bram. Martinaud G. 2025. Radioactivité dans l’oubli : penser la mémoire du risque et l’intégration territoriale d’un site contaminé à l’aune des théories de la recherche-création. Mémoire de Master 2, Université Toulouse Jean Jaurès (Foix).

Martinaud G., Becerra S., Chardon P., Mallet C., 2026. Les traces de l’ancienne exploitation d’uranium de Rophin (Puy-de-Dôme, France) : comment hériter de « communs négatifs » confinés?     in Tour du monde en 80 mines, Editions IRD,  à paraître.

Carnet Hypothèses – Zone Art  https://rzarts.hypotheses.org/category/zatu

Pour en savoir plus

LaRadioactivite.com

Réseau National de Mesures de la radioactivité de l’environnement

Musée Curie

L’émission « C’est pas sorcier » (France 3) sur la radioactivité